Romantiser l'amour platonique

J’ai grandi en pensant que l’amour romantique surpassait toutes les autres formes d’amour. Qu’il était plus intense, plus précieux, plus durable. Qu’il était celui auquel je devais aspirer en priorité. Qu’il était synonyme de réussite personnelle, de bonheur.

Cette croyance a pris de plus en plus de place dans mon cœur et dans mes pensées à l’adolescence - alors que je regardais une quantité de films et de séries romantiques et que je me plongeais dans des livres d’amour. Progressivement, la frustration a pris racine en moi : ne pas avoir accès à ce type d’amour « grandiose, passionné, mémorable » qui inspirait tant d’artistes à travers le monde, me donnait l’impression d’avoir une vie fade et de manquer l’essentiel.

À l’Église aussi, je sentais que le couple et le mariage étaient mis à l’honneur - souvent au détriment d’autres types de relation, d’autres façons de vivre la famille.

Depuis plusieurs années, Dieu me parle beaucoup d’amour - de son amour, ma première source d’intimité, mais aussi de l’amour platonique. Il me rappelle la beauté, la profondeur et la force de mes amitiés. Me montrant que toutes ces relations qu’il m’a données de tisser au fil des année, ne sont pas une forme d’amour « à la baisse », pour ceux·celles qui seraient privé·es d’une romance épique.

Il vient ébranler mes présupposés - et mes « hiérarchies » sur l’amour. Et me donne de (re)valoriser l’amour que j’ai cultivé avec mes ami·es. Me faisant remarquer qu’être célibataire, et ne pas faire (actuellement du moins) l’expérience d’un amour romantique, ne signifie pas que je suis isolée. Bien au contraire, j’ai l’immense bénédiction d’être entourée de femmes et d’hommes qui me font rire, me soutiennent, me défient, m’offrent des fleurs, célèbrent mes victoires, ouvrent mes horizons, m’encouragent dans ma foi, me suivent dans mes folles aventures… des personnes avec qui je construis des relations solides, des personnes dans lesquelles j’investis du temps, de l’énergie, des personnes qui sont devenues ma famille de cœur.

Bien-sûr, c’est différent d’un mariage, mais pourquoi est-ce que ça aurait moins de valeur ?

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